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(Blogmensgo, 22 juillet 2008) Deux institutions sont quasi intouchables en Turquie : l’armée et la chanteuse transsexuelle Bülent Ersoy. En septembre 2008, la seconde sera convoquée au tribunal par la première.
Bülent Ersoy, 56 ans, risque trois ans de prison pour « incitation à la haine contre les forces armées ». Un véritable crime, dans ce pays où l’armée, État dans l’État, entretient le nationalisme à grands coups de conscription – obligatoire pour les hommes –, de discours belliqueux et de communiqués triomphalistes.
Tout a commencé en février 2008, à l’occasion de la Star Ac turque « Popstar Alaturka » dont Bülent Ersoy était membre du jury. L’immense chanteuse transsexuelle de musique traditionnelle turque prit alors le micro et livra, au nom des mères de soldats, un vibrant discours pacifiste alors même que l’armée nationale menait des raids contre le PKK au nord de l’Irak. « Je ne suis pas une mère et ne le serai jamais, mais si j’avais eu des fils, je refuserais de les envoyer à la tombe ! » déclara-t-elle en substance.
Ce n’est pas la première fois que Bülent Ersoy s’oppose aux autorités turques. En 1980, elle fut interdite de médias pendant huit ans après avoir changé de sexe à Londres, cette opération étant interdite dans son pays d’origine.
Qui l’emportera ? L’artiste pacifiste aux 11 films et 30 albums ou bien l’armée belliciste aux centaines de prétendus « soldats martyrs » ? L’étoile du music-hall ou bien les étoiles des généraux ? Réponse en septembre.
[Update. Bülent Ersoy a été relaxée le 19 décembre 2008 par la justice turque, selon Wikipedia.] [Crédit photographique : Bülent Ersoy, © www.divabulentersoy.com.]
Philca / MensGo
(via Le Monde du 26 juin [abonnement] et Le Matin Online du 5 juillet 2008)