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(Blogmensgo, 19 septembre 2008) Examinant une plainte de la NAZ Foundation contre la section 377 du code pénal indien qui criminalise l’homosexualité, une haute cour de Delhi a entendu, le 18 septembre 2008, deux dépositions ministérielles radicalement contradictoires. Le ministère de l’Intérieur plaidait pour le maintien de la section 377 et le ministère de la Santé prônait sa suppression. Le tribunal a décidé d’attendre que le gouvernement unifie sa position la semaine prochaine.
Pour mémoire, la NAZ Foundation a entamé en 2002 une procédure visant à supprimer la section 377 et cette procédure judiciaire a été relancée en février 2006.
Les arguments restent plus ou moins les mêmes depuis des années. On observe toutefois une certaine évolution du discours. Ainsi peut-on noter qu’aucun des deux plaidoyers ministériels n’évoque plus l’homosexualité comme un acte contre nature. C’est déjà ça. Mieux encore, l’Intérieur et la Santé parlent de « l’homosexualité entre adultes consentants », donc sans entretenir la confusion entre l’homosexualité d’un côté, la pédophilie et le viol de l’autre côté.
Les arguments du ministère de l’Intérieur s’énoncent comme suit : « La société indienne désapprouve fortement l’homosexualité, et cette réprobation est suffisamment forte pour justifier qu’elle soit considérée comme une infraction pénale même lorsque des adultes consentants s’y adonnent en privé. » Selon le ministère de l’Intérieur, dépénaliser l’homosexualité reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore du « comportement délinquant » et à fournir un « fondement sans limite aux actes homosexuels ».
Le ministère de la Santé, qui s’exprimait via la National AIDS Control Organisation (Naco), estime pour sa part que la légalisation de l’homosexualité permettrait de freiner la propagation du sida, car une « marginalisation des séropositifs aurait pour effet de masquer les comportements à risques ». Concernant ce ministère, lire aussi notre article du 19 août 2008.
Dépénalisation ou pas, il existe déjà des sites web de rencontres pour gays et lesbiennes de nationalité ou d’origine indienne. Dans un article du 2 septembre dernier, le Times of India a consacré un article à l’un d’entre eux… sans mentionner son nom – peut-être pour des raisons juridiques.
La version en ligne de ce même journal n’a toutefois pas hésité à valider le commentaire d’un internaute mentionnant l’URL d’un site de ce genre. Il s’agit, en l’occurrence, du site IndusGay.com, qui réunit les personnes « d’origine indienne » de même sexe. On présume, là encore, que la formule « d’origine indienne » plutôt que « de nationalité indienne » est une précaution juridique.
Philca / MensGo
(via The Times of India du 2 septembre et du 19 septembre 2008)