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(Blogmensgo, 24 novembre 2008) Alors que l’homosexualité n’était pas réprimée par la loi, les députés du Burundi ont adopté, le 22 novembre 2008, un nouveau code pénal qui fait de l’homosexualité un délit. Les 620 articles du nouveau code pénal n’entreront toutefois en vigueur que si le Sénat en ratifie le texte (examen cette semaine) et si le président Pierre Nkurunziza en signe le décret de promulgation.
« Quiconque entretient des relations sexuelles avec une personne de même sexe est passible d’une peine de trois mois à deux ans de prison et d’une amende de cinquante à cent mille francs [de 34 à 67 euros] ou d’une de ces deux peines seulement. » Le nouveau code pénal, sous prétexte qu’il abolit la peine de mort, est qualifié de courageux par les 90 députés qui l’ont adopté, face à 10 abstentions et aucun vote contre.
Deux voix burundaises ont publiquement condamné la criminalisation de l’homosexualité par l’Assemblée nationale. La députée Catherine Mabobori a eu ce courage, dans une région où l’homosexualité n’a pas bonne presse. Georges Kanuma et l’Association pour le respect des droits des homosexuels (Ardho), qu’il préside, sont eux aussi atterrés par un nouveau code pénal aux conséquences meurtrières. « Comment allons-nous lutter contre le sida dans notre communauté et dans notre pays avec une telle loi puisque désormais les homosexuels vont se cacher ? » se lamente le responsable de l’Ardho.
Le VIH et le sida constituent un enjeu épidémiologique majeur au Burundi, d’autant plus que la prévention n’a commencé que fort tard, dans ce pays, au sein de la population gay. La prévalence y est d’ailleurs en augmentation depuis quelque temps, comme l’explique cet article passionnant du réseau Irin (à lire de toute urgence, c’est effarant). Même le ministre burundais de la Santé publique reconnaît l’ampleur des moyens nécessaires pour juguler la pandémie. Le Burundi compte environ 220 000 personnes contaminées et seul un cinquième des 50 000 personnes contaminées bénéficie d’antirétroviraux (info citée par @rib New du 28 octobre 2008).
D’après l’opposant burundais Gratien Rukindikiza, qui n’a pas de mots assez durs contre le texte voté par les députés, l’introduction de dispositions pénales à l’encontre des homosexuels est dictée par des motifs religieux.
Et pour terminer sur une note plus légère, voici deux petites observations. Je m’en aperçois seulement aujourd’hui : c’est fou ce que le drapeau burundais ressemble à une… tête de mort. Et puis c’est quand même marrant qu’une loi homophobe puisse être promulguée dans un pays comme le Burundi, dont le code-pays Internet est : .bi !
Philca / MensGo
(via AFP, 22 novembre 2008)