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Attitude ambiguë des supporteurs de football anglais face à l’homophobie

Photo de footballeurs
Si le Noir avoue qu’il est gay, les supporteurs cesseront-ils de l'appeler Cheeta ? © 2010 Getty Images / Ian Walton.

(Blogmensgo, 28 septembre 2010) Les supporteurs de football anglais affirment ne pas être homophobes et se disent hostiles à l’homophobie, mais ils ont tendance à se comporter comme s’ils étaient bel et bien homophobes. Tels sont les éléments qui émergent de la seconde vague de l’enquête en ligne menée par Ellis Cashmore et Jamie Cleland, chercheurs à l’université du Staffordshire.

La seconde vague de leur enquête vise à affiner les premiers résultats obtenus (cf. notre article du 28 juillet 2010), selon quoi les footballeurs professionnels gay redouteraient de sortir du placard à cause des médias plus que de leurs coéquipiers ou de leurs supporteurs.

La seconde vague de questions s’attache à qualifier les comportements plus encore qu’à les quantifier. Bien que l’étude ne soit pas terminée (on peut encore répondre au questionnaire anonyme même si l’on ne réside pas au Royaume-Uni), certains éléments font apparaître une contradiction plus ou moins flagrante entre les déclarations et les comportements. De nombreux répondants se disent hostiles à l’homophobies et tolérants à l’égard de l’homosexualité et des joueurs homosexuels, mais ils n’hésitent pas à entonner en chœur des chants qui font rimer « pédé » avec « enculé ». S’ils agissent de la sorte, affirment-ils, c’est parce qu’ils ne confèrent pas à de tels comportements une véritable dimension homophobe ; il s’agit simplement de brocarder ainsi les joueurs de l’équipe adverse.

Ellis Cashmore et Jamie Cleland se disent toutefois persuadés que les supporteurs de football anglais s’intéressent plus à la qualité du jeu qu’à l’orientation sexuelle des joueurs, et qu’ils sont relativement tolérants à cet égard.

Les réponses des joueurs professionnels – passées sous silence lors de la première vague de l’enquête – permettent en revanche de déceler des tendances assez intéressantes. Parmi les pros ayant répondu au questionnaire, 27 % affirment connaître des joueurs gay en activité.

Enfin, les deux chercheurs sont convaincus que le principal obstacle au coming out des footballeurs gay vient à la fois des clubs et des agents. Les clubs n’aiment guère voir leurs joueurs susciter la polémique ou défrayer la chronique par leur vie extrasportive. Les agents des joueurs estiment qu’un aveu d’homosexualité serait dommageable pour la valeur marchande de leurs poulains.

Commentaire. Ellis Cashmore et Jamie Cleland sont persuadés que dans les stades de foot, l’homophobie d’aujourd’hui est comparable au racisme d’il y a une ou deux décennies. Mais si l’on peut affirmer que des gens qui entonnent des gens homophobes n’ont pas nécessairement conscience de faire acte d’homophobie, peut-on croire de la manière que des supporteurs qui lancent des cris de singes lorsqu’un joueur noir touche le ballon ne sont pas, de toute évidence, racistes ?
Et si une omerta minorait, dans les stades et ailleurs, les statistiques de l’homosexualité au Royaume-Uni ? On serait tenté de le croire, à la lecture de cet article du 28 septembre 2010 publié par Têtu, où l’on découvre que les statistiques officielles ne recensent que 1 % d’homosexuels et 0,5 % de bisexuels dans la patrie d’Alan Turing.

Philca / MensGo
(via The Guardian du 21 septembre 2010)

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