Blog for the LGBT community, informative and amusing – A new vision for the world
(Blogmensgo, 8 décembre 2011) Le ministre de la Justice du Malawi a transmis à la Commission gouvernementale des lois, le 8 décembre 2011, un projet de loi visant à dépénaliser l’homosexualité. Le calendrier précis de l’examen du texte et de son éventuelle adoption n’a pas été précisé.
Officiellement, le gouvernement du Malawi souhaite tenir compte « des sentiments du grand public » et apporter une « réponse à l’opinion publique concernant certaines lois ». Officieusement, il s’agit de conserver l’appui des bailleurs de fonds occidentaux.
Le code pénal du Malawi considère l’homosexualité et la sodomie comme des « pratiques indécentes et actes contre-nature » passibles de quatorze années d’emprisonnement. C’est cette peine maximum qu’a infligée l’an dernier un tribunal à un couple homosexuel pour s’être marié à titre symbolique (cf. notre article du 20 mai 2010). Le président Bingu wa Mutharika les a graciés peu après le verdict, mais au terme de cinq mois de détention préventive (cf. notre article du 31 mai 2010).
L’annonce du ministre Ephraim Chiume vise à donner des gages aux pays donateurs qui ont récemment durci le ton à l’encontre de ce petit pays d’Afrique australe, où l’on dénombre 14 % de séropositifs. L’aide internationale maintient le Malawi sous perfusion, mais ses partenaires occidentaux veulent maintenant des garanties concernant le respect de la démocratie, des libertés individuelles et des droits humains.
Le Premier ministre britannique a ouvert les hostilités en suspendant ses programmes d’aide au Malawi depuis juillet 2011. Outre les critères économiques et politiques, le Royaume-Uni exige que soient respectés les droits des gays et des lesbiennes dans tout pays qu’il subventionne, faute de quoi l’aide britannique sera réduite ou supprimée.
L’Union européenne tient un discours presque aussi sévère à l’égard du Malawi. Le président américain Barack Obama a déclaré, le 6 décembre 2011, qu’il veut lui aussi mettre la lutte contre les discriminations homophobes au cœur de sa politique internationale, mais sans aller jusqu’aux sanctions financières.
Commentaire. Au Malawi, les droits de la communauté LGBT sont inexistants et le chef de l’État assimile publiquement les gays à des chiens. Les citoyens n’ont pas le droit d’assigner l’État en justice, la police a le droit de perquisitionner sans commission rogatoire et la presse a surtout le droit de se taire.
C’est donc afin de répondre aux pressions des chancelleries occidentales que le ministre Ephraim Chiume a transmis son projet de loi sur la dépénalisation de l’homosexualité en même temps que des textes visant à renforcer la liberté de la presse et les libertés publiques.
Il s’agit aussi là d’une astuce à double détente : le projet de loi dépénalisant l’homosexualité pourra être adopté plus facilement s’il se cache au milieu de textes plus consensuels (au Malawi, l’homophobie reste vivace) ; et un éventuel rejet des autres projets de loi servirait d’alibi pour torpiller celui sur la dépénalisation de l’homosexualité.
Bref, le Malawi est un pays où la démocratie reste enfermée dans un dictionnaire.
Philca / MensGo
(via AFP du 8 décembre 2011)