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(Blogmensgo, 30 avril 2012) On célébrait en France, le 29 avril 2012, la Journée nationale du souvenir de la déportation. La manifestation annuelle laisse quelques gouttes d’espoir sous une pluie de morosité.
Les célébrations se sont déroulées en ce dimanche pluvieux sans Rudolf Brazda, puisque le dernier des Triangles roses français encore vivants nous a quittés il y a neuf mois (cf. notre article du 4 août 2011).
L’association « Les Oublié-e-s de la Mémoire » se félicite d’avoir été officiellement conviée aux cérémonies dans une quinzaine de villes ou lieux symboliques. « Pour la première fois cette année, nous [avons eu] l’occasion de contribuer au financement de la gerbe unitaire à Lille, Strasbourg et Château-Thierry », précise l’association.
À Lille, d’après l’article qui me sert de source, l’association homosexuelle s’est effectivement jointe aux représentants d’entités de nature militaire, confessionnelle et administrative. Mais, si j’ai bien compris, sans prendre elle-même la parole.
L’association Les Flamants roses a pour sa part choisi de déposer une gerbe distincte, bien qu’invitée elle aussi à titre officiel par la préfecture. C’est par cette attitude sécessionniste que l’association LGBT lilloise née en 1987 a choisi de protester contre ceci qu’aujourd’hui, « la République française ne reconnaît pas officiellement la déportation pour motif d’homosexualité ».
La commémoration des déportés a été entachée par les propos du député Christian Vanneste affirmant, en février 2012, que la déportation pour motif d’homosexualité n’avait pas de substance réelle. Propos que Serge Klarsfeld avait confortés en déclarant qu’ils correspondaient à la vérité.
Commentaire. Les divergences – au-delà des querelles d’ego ou de chapelle – entre les deux associations peuvent s’expliquer par des différences de perception aussi légitimes l’une que l’autre. Une association voit le verre à moitié plein et s’en satisfait, l’autre association voit le verre à moitié vide et s’en offusque.
Quant à l’attitude de Serge Klarsfeld, elle repose sur une véritable malhonnêteté intellectuelle. J’ai bien écrit malhonnêteté intellectuelle et je l’assume. Que l’on n’y voie aucune attaque ad hominem : j’ai la plus grande admiration pour Serge Klarsfeld et pour son action ; ce que je récuse, c’est la manière dont il valide les allégations de Vanneste.
Sauf propos mal retranscrits, voici textuellement – j’ai juste corrigé une faute d’orthographe – ce qu’a dit Serge Klarsfeld : « De France, il n’y a pas eu de déportation d’homosexuels. Un déporté homosexuel a bien témoigné, mais il est parti d’Alsace, territoire qui se trouvait régi par les lois allemandes. » Le témoin en question étant feu Rudolf Brazda.
C’est justement là ce qui m’indigne : comment le célèbre « chasseur de nazis » peut-il récrire l’Histoire en adoptant le point de vue d’un gouvernement nazi ? Car c’est bien ce que fait Serge Klarsfeld lorsqu’il prétend que l’Alsace était régie « par les lois allemandes ».
Et le traité de Versailles, il a été signé par les Papous ? Dans ce cas, autant justifier la déportation des populations tsiganes et juives vers les camps de la mort, puisque leur sort, comme celui des homosexuels d’Alsace, « se trouvait régi par les lois allemandes ».
(Bon, d’accord, la phrase qui précède est excessive et relève elle-même d’une certaine malhonnêteté intellectuelle…)
L’Alsace était bel et bien une région française, même si le pouvoir allemand la considérait comme faisant partie de l’Allemagne. Et ce n’est pas parce que les Allemands avaient annexé l’Alsace que les Alsaciens de cette époque-là doivent être considéré comme des citoyens étrangers.
Ce commentaire m’a mis de mauvaise humeur. Donc, exceptionnellement, aucune photo n’illustrera cet article.
Philca / MensGo
(via La Voix du Nord du 30 avril 2012)