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(Blogmensgo, 12 octobre 2012) Bruno Le Roux, chef de file des députés socialistes, veut faire déposer sur le bureau de l’Assemblée nationale français un amendement relatif à la procréation médicalement assistée (PMA). Cet amendement viendrait compléter le futur projet de loi sur le mariage gay, que le Premier ministre a voulu disjoindre des questions de gestation pour autrui (GPA) et de PMA. Le projet de loi sera présenté en Conseil des ministres le 31 octobre (cf. notre article du 10 octobre 2012).
« Quel intérêt de vouloir scinder les choses ? » s’est demandé Bruno Le Roux, ajoutant que « quand on peut faire un texte qui soit complet par rapport à nos engagements, autant le faire dès le début ». D’autant plus que, selon lui, la question de la PMA « sera sous-jacente pendant le débat sur le mariage » entre personnes de même sexe.
Dominique Bertinotti et Harlem Désir, respectivement ministre déléguée à la Famille et futur premier secrétaire du Parti socialiste (PS, au pouvoir), se sont eux aussi prononcés, le 12 octobre, en faveur d’une inclusion du droit à la PMA dans le projet de loi sur le mariage gay.
On ignore encore si le projet de loi inclura finalement un dispositif pour la PMA en faveur des couples d’homosexuelles. On ne sait pas non plus, dans le cas contraire, quel député ou sénateur se chargerait d’introduire un amendement spécifique. Le député socialiste Bernard Roman avait fait savoir, en septembre 2012, qu’il défendrait des amendements favorables à la PMA lors du débat parlementaire sur le mariage homosexuel.
La plupart des associations LGBT avaient dénoncé un projet de loi minimaliste. « Supprimer une discrimination en ouvrant le mariage pour tous et en ajouter une en interdisant l’accès à la PMA en fonction de la seule orientation sexuelle est un message incomplet et paradoxal », résume l’Association des familles homoparentales (ADFH) dans un communiqué du 12 octobre 2012.
Ce même vendredi 12 octobre, la radio publique France Inter consacrait une partie de sa tranche matinale à un « débat sur le mariage et l’adoption pour tous », mais plus spécifiquement centré sur l’homoparentalité et sur l’adoption homoparentale.
Les deux invités exprimaient, loi du genre oblige*, des avis dissemblables sur le sujet. Le psychiatre et psychanalyste Serge Hefez se faisait l’avocat des partisans de l’homoparentalité et de la PMA, tandis que son collègue et confrère (ils travaillent tous deux dans le même hôpital parisien), le pédopsychiatre et psychanalyste Christian Flavigny, lui donnait la réplique au nom des thuriféraires d’une filiation traditionnelle.
(* On aura, je l’espère, apprécié mon calembour.)
Commentaire. Je suis convaincu que le gouvernement socialiste a délibérément choisi d’exclure la PMA du projet de loi. Soit par peur de se ramasser une veste, soit pour mieux faire réintroduire la PMA dans le texte définitif sans en avoir l’air. Il n’est que de voir la promptitude et l’aisance avec lesquelles Bertinotti et Désir ont affirmé leur soutien à la PMA en faveur des couples lesbiens, pour subodorer que ce prétendu revirement correspond à une stratégie concertée.
Le raisonnement socialiste pouvait être le suivant : si l’on inclut tout dans le projet de loi initial, pain bénit pour les opposants et pour les ultrareligieux ; si l’on réintroduit la PMA « à la demande de… », l’honneur est sauf et nul ne perd la face. Le suivi parlementaire dira s’il y a réelle volonté gay-friendly ou simple velléité de la part du gouvernement.
Quant à l’émission de France Inter, on peut soit l’écouter en intégralité (deux parties, de 81:55 jusqu’à 116:11, séparées par la revue de presse du jour), soit se borner au seul débat entre les deux psys.
L’émission avait l’avantage et l’inconvénient d’une heure de grande écoute. Le format resserré, en obligeant à sacrifier certains approfondissements, aura engendré plusieurs énormités. Que Flavigny dise que c’est plus ou moins grâce à la psychanalyse que l’homosexualité est sortie du ghetto, voilà qui ne manque pas de sel. Et le témoignage de cette femme de 44 ans, qui dit avoir fort mal vécu d’être élevée de 10 ans jusqu’à 20 ans par sa mère et la compagne de sa mère, lesquelles fréquentaient exclusivement d’autres couples homosexuels (et leurs enfants), un tel témoignage aurait dû être replacé dans son contexte : il y a vingt ou trente ans, les gays et lesbiennes étaient terriblement stigmatisés et devaient presque se cacher pour vivre heureux ; il n’y avait donc rien d’anormal dans le fait que les familles homoparentales ne fréquentent que d’autres familles homoparentales.
Philca / MensGo
(via toute la presse du 12 octobre 2012, dont NouvelObs.com et Le Monde)