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(Blogmensgo, 12 novembre 2012) De nombreuses voix catholiques, à titre officiel ou officieux, s’élèvent contre des décisions récentes visant à légaliser le mariage homosexuel. Ce faisant, les opposants au mariage gay multiplient les arguments plus proches de l’homophobie ou de la camisole de force que de la réflexion sereine et du débat citoyen.
Dans un éditorial publié le 9 novembre 2012 dans L’Osservatore romano, Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, appelle l’Église, ses prélats, ses officiants et ses fidèles, mais aussi les gouvernements du monde entier à se mobiliser contre le mariage gay.
Si on légalise aujourd’hui, s’interroge le père Lombardi, « pourquoi ne pas également envisager une polygamie librement choisie, et bien sûr, pour ne pas discriminer, une polyandrie ? »
En Suisse, Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, refuse tout mariage gay en prétendant que « le mariage est l’union entre un homme et une femme, dont l’un des buts est de donner la vie, chose que ne peut faire un couple du même sexe ».
En France, le sénateur et homme d’affaires Serge Dassault, 87 ans, affirme que l’homosexualité est « une des raisons » ayant mené à la décadence de la Grèce antique.
Toujours en France, des maires le plus souvent apparentés à l’UMP (opposition de droite) affirment qu’ils refuseront de célébrer tout mariage homosexuel si celui-ci est légalisé.
De fait, les représentants français des trois religions monothéistes révélées (christianisme, islam et judaïsme) sont vent debout contre le mariage gay. Leurs arguments oscillent entre la condamnation morale (l’homosexualité serait contre-nature), la nécessité biologique (risque d’extinction de la race) et la cohésion sociale ou sociétale (les gens ne sont pas encore prêts à accepter cela).
Tous les catholiques ne partagent pas ces points de vue simplistes. C’est ainsi qu’un ancien moine cistercien publie aux éditions de l’Atelier Homosexuels catholiques, sortir de l'impasse, livre dans lequel il invite l’Église catholique et les communautés chrétiennes à « aider les personnes à vivre leur homosexualité dans la foi chrétienne ».
(Paru le 20 septembre 2012 en version papier et le 8 novembre 2012 en numérique.)
Commentaire. Il serait temps que certains cathos à œillères prennent conscience que combattre l’homosexualité revient à faire acte d’homophobie. Autant on peut contester la politique d’Israël sans être taxé d’antisémitisme, autant le combat contre le mariage gay est proche de l’homophobie puisqu’il est assorti, le plus souvent, d’une condamnation explicite ou implicite de l’homosexualité.
L’argument du « contre-nature » ne tient pas. Cette notion implique un « sens moral » que n’ont aucune des centaines d’espèces animales, du chien au pingouin et du lion à la mouche drosophile, où l’homosexualité est plus ou moins minoritaire.
L’idée sous-jacente que l’homosexualité serait contraire à la volonté de Dieu se heurte à une double objection. Si Dieu est « contre » l’homosexualité, qualifiée de « fléau » comme le sont la guerre, l’inceste et les sept péchés capitaux, pourquoi diable a-t-il donc inventé l’homosexualité, la guerre, l’inceste et les sept péchés capitaux ?
L’explication me paraît simple : Dieu n’existe pas. Aucun catholique, musulman ou juif n’est en mesure de me prouver l’existence de Dieu. Moi, je peux leur prouver l’existence de l’homosexualité et des homosexuels, leur coexistence millénaire avec le règne humain dans sa forme la plus humaine et humaniste : l’amour. Car deux hommes qui s’aiment ou deux femmes qui s’aiment, c’est de l’amour. Et des cathos qui stigmatisent l’homosexualité, c’est de la haine (ou une forme haineuse de la bêtise, cette fille d’ignorance).
Et quand l’évêque Morerod prétend que le mariage a pour vocation de donner la vie, il est dans l’erreur. Le mariage ne vise pas à susciter la procréation, puisqu’on peut tout aussi bien procréer sans se marier. Et affirmer que le mariage vise à procréer, c’est infliger une double peine aux couples dont au moins l’un des époux est stérile. Un couple homosexuel peut fort bien donner la vie : au sens propre dans le cas d’un couple lesbien, ou au sens figuré en adoptant un enfant pour donner à sa vie une suite porteuse de sens.
Quant à l’argument démographique selon lequel l’homosexualité menacerait la survie de l’humanité, n’importe quel mathématicien en culottes courtes peut prouver qu’il s’agit là d’une connerie pure et simple. Que Serge Dassault me dise, s’il lui reste assez de neurones pour le faire, à partir de quel pourcentage d’homosexuels la survie de l’espèce courrait un véritable danger. Je vais être bon prince en laissant à Dassault une marge d’erreur de 10 %. Qu’il compare ainsi la proportion d’homosexualité « dangereuse » pour le devenir du genre humain avec la proportion réelle des homosexuels dans la société.
Monsieur Dassault, n’oubliez pas non plus qui vous êtes. Vous êtes issu d’une lignée juive, né juif (sous le nom de Serge Bloch) et devenu catholique seulement à l’âge adulte. N’oubliez pas, Serge Dassault, qu’une partie de votre famille a été déportée ou éliminée dans les camps de la mort. Dans ces mêmes camps, à côté des Bloch, des Cohen et des Lévy, il y avait des pédés. Des Triangles roses, décimés par milliers, comme les Juifs ont été décimés par millions.
L’existence de ces camps et la besogne de leurs bourreaux ont bénéficié, ne vous en déplaise, du terrible silence de Pie XII. Pis encore, les dignitaires de Jasenovac – camp de concentration croate qui ferait presque passer la plupart des camps nazis pour des colonies de vacances – ont bénéficié d’exfiltrations grâce au soutien actif de la hiérarchie catholique. Dans ce camp de Jasenovac, on exterminait des Juifs en les accusant de ternir la race humaine. En accusant les homosexuels de frelater l’humanité, Monsieur Dassault, vous tenez un discours du même acabit. Puissiez-vous retrouver un peu de dignité.
Philca / MensGo