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(Blogmensgo, 4 février 2013) L’assemblée générale des Boy Scouts of America (BSA) envisage d’abroger, le 6 février 2013, la disposition statutaire qui interdit jusqu’à présent l’accès du scoutisme aux gays. Le BSA a lancé une réflexion sur le sujet le 28 janvier. Dès le 3 février, le président Barack Obama encourageait le BSA à se débarrasser de son carcan homophobe.
[Update. Après avoir reporté sa décision à mai 2013 au lieu de février, le BSA a finalement pris une demi-mesure, cf. notre update en toute fin d’article, après le commentaire.]L’interdiction des gays au BSA concerne aussi bien les enfants que les participants adultes. Le BSA, fondé en 1910, avait réitéré cette interdiction à l’échelle nationale en 2012.
Si le BSA abrogeait cette interdiction nationale, il est probable qu’il laisserait chacune de ses antennes édicter sa propre réglementation locale en matière d’orientation sexuelle. Il ne s’agirait donc pas d’un abandon total des restrictions à l’encontre des gays chez les scouts et leurs encadrants, mais d’un simple abandon au niveau fédéral.
Le président Obama invite l’organisation des scouts à faire ce premier pas. Dans une interview accordée à CBS (cf. aussi vidéo ci-dessus, ça commence – après une pub obligatoire – à 1:20 et ça dure ensuite moins d’une minute), Barack Obama précise son sentiment :
« Mon avis est que les gays et lesbiennes devraient avoir les mêmes entrées et opportunités que n’importe qui d’autre, quels qu’en soient l’institution ou le milieu. »
Contrairement à leurs homologues masculins, les Girl Scouts of the United States of America (GSUSA) ne tiennent plus compte de l’orientation sexuelle des postulantes depuis 1991. L’antenne locale de l’organisation féminine au Colorado accepte même les filles transgenres (garçons qui estiment avoir une identité féminine) depuis octobre 2011.
Commentaire. Boy Scouts of America a pour éthique de n’accepter dans ses rangs ni les gays, ni les athées, ni les agnostiques ; c’est dire son ouverture d’esprit. Cette organisation a soigneusement couvert les nombreux abus sexuels perpétrés en son sein pendant des décennies ; c’est dire son niveau d’éthique.
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Update du 4 juin 2013. Le BSA a finalement décidé, le 23 mai 2013, de n’accepter les gays que s’ils sont mineurs et de continuer d’interdire la présence de gays au sein des équipes d’encadrement. Cette décision a été prise en assemblée générale par 61,44 % des voix. Cela signifie qu’un gay pourra gravir tous les échelons hiérarchiques tant qu’il est mineur, mais qu’il sera en principe éjecté de l’organisation dès qu’il aura atteint l’âge de 18 ans.
« L’interdiction faite aux encadrants adultes gay va elle aussi forcément disparaître », a commenté l’Alliance gay et lesbienne contre la diffamation (Glaad) tout en saluant une « victoire significative » pour les jeunes scouts gay et en appelant à la mobilisation pour une victoire totale.
Cette nouvelle disposition statutaire n’entrera en vigueur qu’en 2014. En attendant, les gays restent officiellement interdits de scoutisme aux États-Unis. Des boy scouts et encadrants adultes de Salt Lake City ont bravé l’interdiction et participé en uniforme, le 2 juin 2013, à la Gay Pride de l’Utah, comme on peut le voir ci-dessous :
Le BSA fédère 110 000 troupes totalisant 2,7 millions de garçons et adolescents (presque deux fois moins de scouts qu’en 1972) encadrés par 1 million de bénévoles œuvrant à travers des organisations membres dont 70 % sont de nature religieuse. Nombre de ces organisations religieuses, considérant l’homosexualité comme un péché, ont jadis imposé au scoutisme américain d’être « moralement droit » (morally straight), donc hétéro (en anglais, straight signifie aussi hétérosexuel), alors que la charte originelle du scoutisme voulue par Robert Baden-Powell ne l’exigeait pas.
Deux organisations religieuses, les mormons et l’Église méthodiste unie (UMC), figurent parmi les principaux sponsors du scoutisme américain. Elles ont permis l’adoption du nouveau règlement intérieur du BSA en faisant savoir qu’elles ne s’y opposeraient pas.
La frilosité du BSA à l’encontre des gays s’explique notamment par son souci de ne pas perdre ses principaux appuis financiers que sont les organisations religieuses plus ou moins ouvertement homophobes. En revanche, sa discrimination des gays lui a déjà fait perdre les dons d’entreprises de premier plan telles que Merck, Intel et UPS.
Quant au désamour des jeunes Américains pour le scoutisme, il s’explique par la récurrence des affaires d’abus sexuels et par l’incapacité du BSA à séduire les jeunes issus des minorités noires, hispaniques, athées et homosexuelles.
Philca / MensGo