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(Blogmensgo, 1er mai 2013) Jason Collins, basketteur professionnel en NBA (championnat américain), est sorti du placard à l’occasion d’un long témoignage publié en ligne le 29 avril 2013 par Sports Illustrated et dans sa version papier datée du 6 mai, avec photo à la une.
Jason Collins : coming out | album photo (© Sports Illustrated)
« I'm a 34-year-old NBA center. I'm black. And I'm gay. »
(J’ai 34 ans, je suis pivot en NBA. Je suis noir. Et je suis gay.)
Ainsi commence la longue confession de Jason Collins (cosignée par Franz Lidz). Le pivot des Celtics a conscience d’être le premier athlète de haut niveau dans l’un des quatre sports majeurs aux États-Unis (basket-ball, base-ball, football américain et hockey sur glace, le football ou soccer n’y étant pas considéré comme un sport prépondérant) à faire son coming out, mais il aurait préféré ne pas l’être.
Jason Collins est un géant : 2,13 m et 116 kg selon Wikipédia (mensurations intimes non précisées). Il évolue en championnat NBA depuis douze ans. Il a signé pour la saison 2012-2013 avec le club des Boston Celtics, qui le prête depuis février 2013 aux Washington Wizards.
Collins ne correspond pas du tout à l’image d’Épinal du sportif gay : il ne danse par sur les parquets, où son âpreté au combat lui a valu une solide réputation de bourrin et de teigne.
Cela fait deux ans qu’il songeait à sortir du placard. S’il a attendu aussi longtemps, c’est qu’il sera « entièrement libre » (de tout engagement) dès juillet 2013. « Je peux [maintenant] faire plus ou moins ce que je veux », explique-t-il, précisant qu’il veut rester basketteur professionnel.
L’élément qui a déclenché sa sortie de placard aura peut-être été la double affaire de mariage gay dont s’est saisie la Cour suprême fédérale en mars 2013. « Less then three miles from my apartment, nine jurists argued about my happiness and my future. » (À moins de 5 km de mon appartement, neuf juges discutaient de mon bonheur et de mon avenir.)
L’un de ses projets immédiats est de défiler le 8 juin 2013 à la Gay Pride de Boston, dont il a accepté l’invitation. Collins y marchera à côté du député Joe Kennedy (qui salue son coming out), lequel était son colocataire lorsque les deux hommes étudiaient à Stanford. « Je veux marcher pour la tolérance, l’acceptation et la compréhension », explique Jason.
C’est à sa tante Teri qu’il a d’abord révélé son homosexualité. « Mais cela fait des années que je sais que tu es gay ! » lui a-t-elle répondu. Jason n’a révélé qu’à l’été 2012 son homosexualité à son frère jumeau Jarron, dont les longs bras de basketteur de NBA lui en sont tombés.
Pendant des années, Jason Collins a cru devoir faire comme tout le monde, alors qu’il se savait gay depuis longtemps. Il sortait avec des filles et s’est même fiancé. Mais il ne s’est pas marié et n’a pas eu d’enfants tout en rêvant d’en avoir.
Jason Collins a donc caché son penchant pour les mecs pendant des décennies. Mais sans renier la communauté. Pour preuve, son fameux maillot n° 98 fait référence à une année 1998 qui aura vu le meurtre homophobe de Matthew Shepard et la création de The Trevor Project, organisme d’aide à la prévention du suicide chez les jeunes LGBT.
Un petit ami ? Jason Collins n’en parle pas dans son témoignage, mais il semble être actuellement célibataire. Le jour même de son coming out, 100 % des commandes de maillots reçues par le club des Washington Wizards concernaient le n° 98. On ignore si les commandes émanaient de fans du joueur ou d’amoureux du célibataire gay.
De très nombreuses personnalités ont salué Jason Collins et son courage. À commencer par son frère Jarron, le président Barack Obama (et son épouse Michelle) et l’ex-président Bill Clinton (et sa fille Chelsea). D’innombrables sportifs en activité ou en retraite ont eux aussi félicité Jason, en particulier les basketteurs John Wall et Garrett Temple (ses actuels coéquipiers), Shaquille O’Neal, Magic Johnson, Kobe Bryant, Dwayne Wade, Tony Parker (et son ex-femme Eva Longoria).
Et aussi de très nombreuses personnalités du tennis (Martina Navratilova qui fit son coming out en 1981, Billie Jean King, Andy Roddick) et du spectacle (Ellen DeGeneres, Larry King, Spike Lee, Michael Moore), pour ne citer que quelques noms connus de ce côté-ci de l’Atlantique.
À noter que le club des Washington Wizards soutient officiellement Jason Collins et le félicite pour son coming out. Idem avec son sponsor Nike, pour qui la clientèle gay représente un énorme marché potentiel jamais prospecté d’une manière explicite.
Commentaire. Ce que vient de faire Jason Collins mérite le respect et l’on ne peut qu’espérer voir d’autres athlètes gay suivre son exemple.
Force reste toutefois de constater qu’aucun sportif gay de premier plan n’a jamais fait son coming out au faîte de sa carrière. Collins sort du placard alors qu’il est vétéran et ne sera jamais international de basket. Le footballeur Justin Fashanu l’avait fait au soir de sa carrière, tandis que le jeune footballeur suédois Anton Hysén (cf. notre article du 20 mars 2011) n’a jamais été international en équipe senior et que le joueur de rugby Gareth Thomas (cf. notre article du 21 décembre 2009) n’est sorti du placard que quelques mois avant de prendre sa retraite.
Mais je le répète, ce qu’a fait Jason Collins m’enthousiasme. Je souhaite que des entraîneurs gay fassent pareil. Et surtout, que des athlètes le fassent aussi pendant qu’ils évoluent encore en équipe nationale. Car ce sont eux qui sont le mieux à même, par leur charisme et leur aura, de faire évoluer les mentalités dans le bon sens.
Philca / MensGo