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(Blogmensgo, 25 juin 2013) C’est aujourd’hui que sort en DVD Bambi, nouveau film de Sébastien Lifshitz, diffusé à la télévision française par deux fois en juin 2013 et déjà auréolé à Berlin d’un Teddy du meilleur documentaire. Bambi ? Que l’on se rassure, ça n’a rien à voir avec Disney.
Bambi (sites officiels) : le documentaire | l’artiste
Le Bambi, ou plutôt la Bambi dont il s’agit ici, c’est la plus célèbre personne transsexuelle de France. Il est né Jean-Pierre en 1935, elle est devenue Marie-Pierre en 1958 après une chirurgie de réassignation sexuelle. Et sous le nom de scène de Bambi, elle danse puis mène revue dans les cabarets trans parisiens, dont le Carrousel de Paris pendant les décennies 1950 et 1960.
Elle s’était choisi pour pseudonyme Bambi à la scène et Marie-Pier Ysser à la ville, Ysser faisant référence à sa ville natale algérienne d’Issers. Puis Bambi a rangé ses costumes de scène avant d’enfiler la tenue plus austère d’enseignante de français.
C’est sous le nom de Marie-Pier Ysser que je l’ai retrouvée en lisant récemment le tome V du Journal (1980-1993) de Jacques Brenner. Livre au demeurant fort contestable, où Brenner évoque l’excellente qualité d’un manuscrit de Marie-Pier Ysser refusé par tous les éditeurs de l’époque (mais la mémoire me fait peut-être défaut et je n’arrive pas à retrouver le passage en question dans le kilométrique pensum de Brenner que je me suis évertué à lire jusqu'au bout).
Bambi a réapparu plus récemment sur mon radar « culturel » dans l’émission tout le monde en a parlé, où Thierry Ardisson interviewait d’anciennes gloires éphémères ou plus durables. Parmi lesquelles Bambi, dont l’interview était rediffusée en 2012, sur une chaîne de la TNT, au beau milieu de la nuit.
Me souviens plus si Bambi se présentait comme Marie-Pier Ysser ou comme Marie-Pierre Pruvot, son nom de naissance qu’elle a de nouveau fait sien. Quoi qu’il en soit, l’interview était passionnante du début jusqu’à la fin. Grâce au talent d’intervieweur d’Ardisson, mais aussi grâce au magnétisme de Bambi, à sa lucidité, à sa faconde et surtout à une intelligence, une indépendance d’esprit et un talent oratoire exceptionnels.
Bref, le docu de Sébastien Lifshitz sort aujourd’hui en DVD. L’ai pas encore regardé (ni acheté). On y trouvera sans doute, comme dans l’interview d’Ardisson, une évocation truculente des Trente Glorieuses, ces années industrieuses où le conformisme étouffant ne laissait qu’une faible marge aux gens qu’il appelait marginaux dès lors qu’ils déviaient de la norme imposée par le plus grand nombre (celui de l’imbécile troupeau mené par des bergers sans scrupules ni finesse).
C’est dans ce contexte que Bambi sut trouver sa voie, où plutôt tracer son chemin selon sa propre ligne de conduite, celle du talent et de la fierté d’être devenue ce qu’elle a toujours pensé être : ni un homme devenu femme, ni un(e) transsexuel(le) mais tout simplement une femme.
À noter que le documentaire et le DVD sont codistribués par Épicentre Films, l’une des rares enseignes de la profession à offrir une information de qualité au sujet des films qu’elle promeut. Ainsi le dossier de presse fournit-il une longue et passionnante interview de Sébastien Lifshitz, en plus d’apporter tous les éléments signalétiques nécessaires. Épicentre pousse le scrupule jusqu’à offrir aux internautes une affiche du film (celle que j’utilise ci-dessus) – et en haute définition, s’il vous plaît.
Philca / MensGo