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(Blogmensgo, 8 juillet 2013) L’industrie du mariage emploie 800 000 personnes et pèse 51 milliards de dollars par an aux États-Unis, selon une étude publiée par IbisWorld en mars 2013 (accès payant). L’émergence du mariage entre personnes de même sexe va sans doute doper cette lucrative activité.
Deux jours après le verdict historique de la Cour suprême fédérale des États-Unis (cf. notre article du 26 juin 2013), le magazine gay The Advocate et The Knot – leader de l’industrie du mariage aux États-Unis – publiaient les résultats d’un sondage mené conjointement auprès de couples LGBT américains. Où l’on trouve, par rapport aux couples hétérosexuels, des constantes et des innovations parfois surprenantes (j’y reviendrai en détail dans mon article de demain).
The Knot avait sondé l’an dernier quelque 17 500 couples aux États-Unis, y compris des couples gay et lesbiens. Les résultats du sondage annuel font apparaître pour 2012 quelques différences notables entre la moyenne des couples hétéro et celle des couples de même sexe.
Les dépenses liées au mariage s’élèvent en moyenne à 28 427 dollars (chiffre de 2012), sans compter la lune de miel. Si les couples LGBT invitent moins de monde que lors des mariages hétéro, ils dépensent plus d’argent pour le mariage à la fois globalement et pour chaque invité. Et ces couples LGBT forment des ménages plus aisés que leurs homologues hétérosexuels.
(Toutes assertions parfaitement contestables, cf. mon commentaire.)
Quoi qu’il en soit, The Knot n’a pas attendu le verdict du 26 juin pour sortir deux luxueuses brochures consacrées aux mariages gay et lesbiens.
De nombreuses entreprises commerciales de premier plan courtisent elles aussi les candidats au mariage LGBT. L’article qui me sert de source en donne un bon aperçu.
Quoi qu’il en soit, le mariage gay paraît bel et bien susceptible de stimuler l’économie locale. Le Williams Institute chiffrait, dans une étude de 2009 que la légalisation du mariage gay dans le New Jersey apporterait quelque 15,1 millions de dollars de recettes supplémentaires à cet État.
Toujours en 2009, la ville de New York avait calculé que les cérémonies nuptiales LGBT injecteraient 200 millions de dollars sur trois ans dans les caisses de la métropole. En retombées directes à court terme (hôtellerie, restauration), mais sans doute aussi à plus long terme (image de marque).
Commentaire. Le sondage mené l’an dernier par The Knot ne prend en compte que les célébrations ayant fait appel à une société spécialisée. Les moyennes réelles sont donc forcément très inférieures aux chiffres du sondage, puisque de nombreux couples n’ont pas les moyens de recourir à un ensemblier.
Les couples LGBT seraient globalement plus aisés et plus prodigues pour leurs cérémonies nuptiales ? Pas si sûr. The Knot semble avoir oublié un biais méthodologique majeur.
Peu importe que, comme suggéré ci-dessus, les couples les moins aisés n’aient pas été pris en compte. On présumera que ce biais concerne tous les couples, quelle que soit leur sexualité.
Beaucoup plus contestable est le biais relatif au corpus des couples gay et lesbiens sondés. Et ce, pour plusieurs raisons.
D’abord une double raison géographique. Les couples LGBT qui se marient aux États-Unis ne peuvent le faire que dans une douzaine d’États. Qui, grosso modo, ne sont pas les plus pauvres de l’Union (flemme de vérifier ; mais je parie mon cheveu à couper que le revenu per capita dans l’Idaho n’a rien à voir avec celui du Massachusetts). Il est donc logique de voir des couples plus riches que la moyenne nationale dans ces États-là.
Et lorsque des couples LGBT sont obligés de se marier dans un autre État que celui où ils vivent (comme le fera Chris Rovzar, rédacteur en chef de Vanity Fair, en septembre 2014) ils sont souvent obligés de rogner sur le nombre d’invités.
Une dépense globale plus importante de la part des couples LGBT pour leur mariage ? L’explication tient en partie, selon moi, à la chronologie des événements. Dans la plupart des États de l’Union, la légalisation du mariage homosexuel est toute récente. Alors que les couples hétérosexuels ont eu toute leur vie pour préparer leurs épousailles, les couples gay et lesbiens ne peuvent raisonnablement y penser que depuis cette même légalisation. Les couples LGBT qui ont pu se marier depuis lors, avec si peu de temps pour vraiment s’y préparer, sont ceux qui avaient les moyens de s’y investir financièrement sans préparation. Autrement dit, les couples les plus aisés.
Seule une étude similaire menée avec un recul chronologique suffisant permettra de livrer des chiffres moins liés aux caprices – favorables – de l’actualité nuptiale.
Philca / MensGo
(via Business Week du 28 juin 2013)