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(Blogmensgo, blog gay du 17 octobre 2014) Maintenant qu’a cessé le brouhaha de la manif pour tous les homophobes de France, intéressons-nous plus en détail au sondage Ifop-ADFH publié le 3 octobre 2014.
Synthèse : par l’Ifop | par l’ADFH
Résultats (en PDF) : Ifop | ADFH
Loi Taubira (ouvrant le mariage aux couples de même sexe), familles homoparentales, procréation médicalement assistée (PMA), gestation pour autrui (GPA)… La manif pour tous les homophobes est-elle en phase avec l’ensemble de la société sur toutes ces questions ? Pour le savoir, l’Association des familles homoparentales (ADFH) a sondé les Français par l’intermédiaire de l’Ifop.
Résultat, la manif pour tous les homophobes représente une frange minoritaire de la population française. Mais une frange dont la capacité de nuisance est proportionnelle à ses gesticulations – complaisamment relayées par des journalistes et des médias au sens critique très émoussé.
On trouvera ci-dessous quelques chiffres extraits du sondage.
Mais seulement la moitié des Oui correspondent à un Oui massif (« tout à fait »). Même constat avec d’autres questions.
Et 17 % des Non correspondent à un Non absolu (« pas du tout »). La proportion de « réfractaires absolus » est comparable sur presque tous les sujets qu’évoque le sondage.
À noter l’emploi d’aujourd’hui dans la question posée. Je me demande quelle aurait été la répartition des réponses sans cet adverbe.
Toutes les études psychologiques sérieuses montrent pourtant qu’il n’y a pas de différence notable en la matière entre les familles hétéroparentales et homoparentales.
Et que dire de l’épanouissement potentiel de l’enfant si le couple divorce ou si l’un des parents décède ? Tant que les parents – ou le parent survivant – aiment leurs enfants et leurs donnent un environnement affectif sécurisant, ils leur offrent la meilleure part d’eux-mêmes. Quelle que soit l’orientation sexuelle du couple.
La encore, un taux similaire de refus absolu.
À noter que le niveau de diplôme n’influe presque pas sur le choix de la réponse. L’ouverture de la PMA ne recueille que 29 % parmi les sympathisants de l’UMP (droite), alors que 40 % des proches du Front national (extrême droite) y sont favorables.
Il aurait par ailleurs été intéressant de tester la question en remplaçant couples de femmes homosexuelles par couples de lesbiennes, ou même par couples de femmes. Deux sondages au lieu d’un, ça coûte plus cher, mais ça permet aussi d’affiner les réponses… et la phraséologie.
Les Français seraient donc globalement plus favorables à une GPA contrôlée qu’à une PMA étendue mais ipso facto contrôlée ? Les refus absolus, comme pour les autres questions, sont de l’ordre de 21 %. Mais le chiffre le plus pertinent, c’est que les gens « tout à fait favorables » à une GPA encadrée ne sont que 15 %. Très loin des 25 % de Français « tout à fait favorables » à l’extension de la PMA aux couples de lesbiennes. D’où un « ventre mou » de 40 % d’avis « plutôt favorables ».
Désolé pour ce calembour. Pas pu m’en empêcher.
Comme ça c’est déjà plus clair. Et plus homophobe. À noter le fort taux de refus absolu pour les homos (34 %) et les célibataires (30 %), le taux d’acceptation « très favorable » plafonnant respectivement à 18 % et 14 %.
Là encore, il aurait été intéressant de connaître l’avis des gens sans préciser « en France » dans le libellé. Car jusqu’à présent, la GPA ne se pratique – officiellement – qu’à l’étranger.
Ici aussi, 20 % de gens se disent encore « très favorables » à l’abrogation de la loi Taubira. Surtout les répondants les plus âgés, les moins diplômés et les ultracathos. Autrement dit, un bataillon représentatif de la manif pour tous les homophobes.
Ce sondage avait le mérite de remettre les pendules des manifestants à l’heure d’une plus grande tolérance. Si je n’en parle qu’aujourd’hui, c’est parce que je suis un gros feignant le simple fait de rendre compte d’une actualité aussi écœurante qu’un défilé à consonance homophobe à quelques kilomètres de chez moi me donnait envie de vomir.
Car ces gens qui défilaient pour justifier l’injustifiable ont réussi leur coup. Quels que soient les vrais chiffres, ne nous leurrons pas, ils étaient très très nombreux.
La vigilance doit rester sans faille, d’autant plus que la majorité des « Oui » ci-dessus n’est pas écrasante. La forte proportion d’opinions molles (« plutôt, plutôt pas ») est susceptible à tout moment de faire basculer les proportions dans un sens ou dans l’autre. Donc, je le répète, vigilance.
N’en déplaise aux instituts de sondage en général et à l’Ifop en particulier, toutes les enquêtes d’opinion relatives à la perception de l’homosexualité, des homosexuels, des gays, lesbiennes, trans, de l’homoparentalité, de l’adoption homoparentale, etc., toutes ces enquêtes ont tendance à sous-estimer un fond sociétal moins humaniste qu’il n’y paraît. Ce pourrait être aussi le cas sur des sujets comme l’abolition de la peine de mort, la légalisation de l’euthanasie ou des drogues douces.
Dans tous ces cas-là ou presque, je suis convaincu qu’un référendum ferait apparaître chez les Français un repli défensif, c’est-à-dire un réflexe quasi reptilien considérant toute innovation sociétale comme une agression personnelle. L’abolition de la peine de mort aurait-elle pu être adoptée par référendum ? Lorsqu’elle fut abolie par le Parlement, en 1981, certainement pas. Aujourd’hui, peut-être pas.
Le sondage Ifop-ADFH n’a interrogé que des personnes âgées d’au moins 18 ans. Or, presque tous les lycéens seront en âge de voter lors du prochain scrutin majeur, soit la présidentielle de 2017.
On peut présumer que cette tranche d’âge est plus favorable aux thématiques LGBT que ses aînés. Reste à savoir dans quelle mesure. Reste à savoir aussi dans quelle proportion les lycéens d’aujourd’hui iront voter demain.
Enquête effectuée auprès d’internautes. Donc échantillon non représentatif de la population française dans son ensemble, sauf à « redresser » les chiffres selon des méthodes discutables.
En 2013, quelque 18 % des ménages n’étaient pas connectés à Internet.
Marine Le Pen, combien de divisions ? Difficile à dire. Tous les sondeurs le savent, les Français ont tendance à cacher ou minorer leurs sympathies à l’égard de l’extrême droite en général et du Front national en particulier. Chaque institut de sondage utilise donc ses propres recettes pour faire sa cuisine statistique et recalculer – à la hausse – les pourcentages d’opinions favorables au FN et à ses idées.
Dans ce sondage Ifop-ADFH, il est probable que les « manquants » – les non-connectés à Internet – penchent un peu plus vers le FN que le reste de la population. Autrement dit, double « redressement » en perspective, donc double source d’erreur potentielle.
En ce qui concerne le recours – réglementé – à une mère porteuse, note l’ADFH dans son communiqué, « tous les sondés connaissant un homosexuel dans leur entourage y sont favorables ».
Autrement dit, plus les gens connaissent de personnes LGBT plus ils sont favorables aux thématiques et revendications LGBT. Et plus les personnes LGBT se font connaître comme telles, plus elles ont de chance de faire accepter – parfois même très favorablement – leurs thématiques et revendications.
C’est scientifiquement prouvé. J’évoquerai, dans mon article de demain, une série d’expériences montrant que le simple fait de savoir qu’une personne est homosexuelle est susceptible de faire changer d’avis une personne homophobe.
Méthodologie. Enquête réalisée du 29 septembre au 1er octobre 2014 par l’Ifop pour l’Association des familles homoparentales (ADFH). Questionnaire autoadministré en ligne soumis à 1 000 personnes de 18 ans ou plus. Échantillon représentatif obtenu par la méthode des quotas.
Philca / MensGo
(via communiqué ADFH du 5 octobre 2014)