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(Blogmensgo, blog gay du 19 novembre 2014) D’après des conclusions publiées le 17 novembre 2014 dans Psychological Medicine, une nouvelle étude américaine aurait mis en lumière l’influence de deux chromosomes sur le développement de l’orientation homosexuelle masculine.
Une équipe de chercheurs américains, codirigée par Alan R. Sanders (département de psychologie et sciences du comportement à l’institut de recherche de NorthShore University HealthSystem) et J. Michael Bailey (département de psychologie, Northwestern University), a identifié deux chromosomes directement corrélés avec l’homosexualité masculine : le péricentromère du chromosome 8 et le chromosome Xq28 (élément du chromosome 23, celui qui différencie l’homme et la femme).
Ces deux éléments avaient déjà été en partie identifiés lors d’études antérieures (notamment celle conduite par Dean Hamer en 1993) pointant les différences entre jumeaux monozygotes (vrais jumeaux) et dizygotes (faux jumeaux) en termes d’orientation homosexuelle, mais sur des échantillons très restreints.
L’échantillon de cette étude publiée en 2014 se veut beaucoup plus significatif. Les chercheurs ont travaillé sur 409 fratries d’hommes gays, soit 908 individus issus de 384 familles différentes (une autre source parle de 818 individus, tous gays).
Le résumé de l’étude se borne à suggérer une influence des chromosomes 8 et X sur le développement de l’homosexualité masculine, sans analyser les variations liées à l’environnement personnel du sujet.
Commentaire. Difficile de se faire un avis circonstancié sur une étude dont les auteurs ne livrent que quelques bribes au grand public. L’essentiel de l’étude n’est accessible qu’aux abonnés du magazine scientifique.
Notons d’emblée que l’idée d’un « gène gay » ou d’un « gène de l’homosexualité » a été suggérée par des journalistes et publications généralistes. Et non pas par les chercheurs eux-mêmes, dont l’étude s’intitule Genome-wide scan demonstrates significant linkage for male sexual orientation (Une analyse génomique montre un lien significatif pour l’orientation sexuelle masculine).
Faute de précisions méthodologiques, on est en droit de se demander si les techniques d’investigations sont irréprochables et si les résultats sont reproductibles. L’avenir dira.
On en profite pour marteler que concomitance n’est pas causalité. Ce n’est pas parce que x % des homos sont blonds que la blondeur est génératrice d’homosexualité. Autrement dit, ce n’est pas parce qu’un individu possède tel chromosome disposé de telle manière qu’il sera gay. Et l’épanouissement de son homosexualité potentielle dépendra de facteurs – en particulier le milieu familial et culturel – que l’étude n’a pas dévoilés ni quantifiés. La statistique mesurée par les chercheurs n’est qu’une statistique à un moment donné, elle-même tributaire des méthodes mises en œuvre pour la produire.
Autre sujet de perplexité : d’après les bribes de conclusions rendues publiques, on ignore si l’échantillon se composait exclusivement de gays ou s’il incluait aussi des bisexuels. La proportion exacte de frères non jumeaux, de jumeaux homozygotes et de jumeaux dizygotes conditionne peut-être aussi les résultats – et la validité – de cette étude.
Les chercheurs n’ont pas étudié le cas de l’homosexualité féminine, ce qui minore d’autant plus la portée de leurs conclusions.
Il semble aussi, selon le magazine Science, que les chercheurs aient utilisé une méthode d’analyse de l’ADN passablement vieillotte. La raison tient à ce qu’entre le début de l’étude et la publication des résultats dans une revue scientifique, pas moins de neuf années se sont écoulées. Ce qui, là encore, relativise la portée des découvertes alléguées.
Dernier obstacle à l’hypothèse d’une « hérédité de l’homosexualité », la notion même d’hérédité présuppose une transmission entre générations. D’une génération à l’autre, mais aussi sur plusieurs générations. Et cela, aucune étude scientifique ne s’y est encore risquée.
Philca / MensGo