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(Blogmensgo, blog gay du 25 juillet 2015) Le tribunal de commerce a ordonné, le 23 juillet 2015, la liquidation judiciaire de CPPD, société éditrice du mensuel Têtu. Les neuf salariés du magazine gay français vont être licenciés.
Depuis la mise en redressement judiciaire (cf. notre article du 2 juin 2015), la trésorerie du magazine gay s’est dégradée et le titre n’a pas reçu d’offre de reprise, selon un communiqué de son propriétaire, Jean-Jacques Augier.
Deux offres de reprise ont certes été reçues, mais jugées insatisfaisantes.
La faute à qui ? Les responsabilités sont plus tendancielles qu’individuelles, suggère le directeur de la publication du magazine.
« Une conjoncture économique difficile, des problèmes structurels de distribution, des agences de publicité pusillanimes… sont les causes principales des difficultés rencontrées.
Mais aussi un lectorat gay largement démobilisé, heureux des avancées législatives récentes et désireux de ne plus se distinguer.
C’est une erreur largement répandue parmi les gays de penser que l’indifférence à notre différence est définitivement acquise, qu’une page peut être tournée et qu’être ou ne pas être gay n’est plus, sur la place publique, pertinent. »
Jean-Jacques Augier
Le combat n’est pas terminé, selon Augier, qui faisait référence – sans les citer – à des combats dont l’issue n’est pas encore connue, par exemple la légalisation de la procréation médicalement assistée (PMA) en faveur des couples de lesbiennes ou la reconnaissance et la dépsychiatrisation des personnes transgenres.
La marque Têtu sera vendue aux enchères à la rentrée et le site Tetu.com – actuellement rentable – devrait poursuivre son activité jusqu’à la fin de l’été, « à un rythme cependant allégé ».
Selon le dernier chiffre connu, Têtu ne se vendait plus qu’à 28 275 exemplaires par mois. La diffusion du numéro de juillet-août fera peut-être exception à la règle, pour sa une consacrée au chanteur Mika mais surtout parce que ce sera le dernier numéro du magazine papier.
Malgré ce possible baroud d’honneur dans les kiosques, le groupe Têtu a toujours été déficitaire depuis sa création il y a vingt ans. Les pertes financières ont été prises en charge pendant dix-huit ans par l’ancien propriétaire, Pierre Bergé. Son successeur, Jean-Jacques Augier, a racheté le titre pour un euro symbolique sans pouvoir jamais en redresser les comptes.
Le déficit de l’exercice 2015 pourrait atteindre 500 000 euros. Une perte réduite de moitié par rapport à 2014, mais encore trop importante pour permettre la survie.
Sous l’ère Augier, Têtu aura noué, pendant quelque temps, un partenariat avec le portail gay Yagg. Lequel Yagg recherche aujourd’hui 3 000 abonnés payants pour survivre. À l’heure où j’écris ces lignes, seules 1 367 personnes ont répondu à l’appel, soit 46 % de l’objectif initial.
Yagg avait réussi une précédente levée de fonds en mars 2015, à travers la plateforme Ulule, en collectant 40 995 euros, soit presque trois fois plus que l’objectif initial. Tout espoir n’est donc pas perdu.
Philca / MensGo
(via toute la presse du 23 juillet 2015, dont Tribune de Genève, RFI et Le Monde)