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(Blogmensgo, blog gay du 18 septembre 2015) C’est l’histoire d’une obédience maçonnique réservée aux hommes et qui s’aperçoit que deux de ses membres sont en train de devenir femmes. L’histoire donne pourtant à la Grande Loge de France (GLDF) une ambiance à peine moins feutrée qu’à l’ordinaire.
« La Grande Loge de France est exclusivement masculine et initie uniquement des hommes, tout comme d’autres obédiences sont exclusivement féminines. » Le site web de la GLDF est (explicite) à ce sujet.
Mais selon le blog de François Koch à qui je pique cette info, au moins deux « frères » sont en train de changer de sexe.
L’un des frères change d’identité de genre et s’habille conformément à sa nouvelle apparence physique, c’est-à-dire en femme.
Un autre frère, sous traitement hormonal, n’en est pas encore au même niveau de modification physiologique.
Le chef suprême – appelé grand maître – de la GLDF, Philippe Charuel, n’y voit pour l’instant rien à redire, du moins pas sur la forme. Les deux frères en transition restent considérés comme des hommes tant qu’ils n’ont pas changé d’état civil ; et comme des « frères » tant qu’ils se conforment au code vestimentaire de leur obédience – donc costard-cravate, mais ni jupe ni robe.
Et Philippe Charuel de compléter ainsi sa pensée :
« Naturellement, si un de ces frères changeait d’état civil, il serait invité à rejoindre une obédience mixte ou féminine. La GLDF est une obédience masculine et le restera. »
Autrement dit, la GLDF accompagne avec une relative bienveillance la transidentité MtF de ces deux « frères ». Du moins tant que les « frères » ne seront pas devenus des « sœurs ».
Commentaire. C’était une petite info souriante pour clore la semaine. Mais moins souriante qu’il n’y paraît.
On sait l’importance du militantisme gay : si l’on ne réclame pas, on n’obtient rien – hormis des coups de matraque, des viols, des vexations, des emprisonnements, parfois même la mort.
On sait aussi que malgré leur dissemblance physique, les gays et les lesbiennes ont tout intérêt à s’unir pour lutter et conquérir les droits qu’on leur dénie.
On sait enfin – et ce blog m’aura ouvert l’esprit à cet égard – que l’on doit aussi lutter pour et avec les personnes trans. Les droits des uns sont ceux des autres. Leurs luttes aussi.
Il apparaît, avec la double anecdote que je viens de relater, que le militantisme LGBT présente des similitudes et même des convergences incontestables avec le militantisme féministe (je ne parle pas ici du combat rétrograde qui en est la caricature et la négation même, mais du combat visant à donner à la femme la place dans la société qu’une moitié de l’humanité est en droit d’exiger de l’autre en toute légitimité).
Car ces deux hommes qui se vivent femmes sont déjà des femmes, quel que soit l’avancement de leur changement de genre et même si leur obédience maçonnique persiste à ne voir en elles que des hommes. Et une fois que ces hommes seront devenus femmes « à part entière », c’est-à-dire physiquement et administrativement, alors leurs « frères » – ou prétendus tels – les mettront dehors.
Il n’existe aucune raison valable pour qu’une loge ou obédience maçonnique ne soit pas mixte. Que la GLDF – ou toute autre obédience – refuse aux femmes le statut de membres à part entière ne mérite aucune sympathie. Cette phallocratie mâtinée de misogynie est aussi discriminatoire que le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie, l’homophobie, la lesbophobie ou la transphobie. C’est dégueulasse.
Philca / MensGo
(via La Lumière du 15 septembre 2015)