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(Blogmensgo, blog gay du 18 mai 2016) C’est à New York, le 6 juin 2016, que seront décernés les 28es Lammys, l’équivalent pour la littérature LGBTQ des Grammies de la chanson et des Emmys de la télévision. Et comme avec les autres récompenses culturelles, ces Lambda Literary Awards seront décernés lors d’un grand show – à l’américaine, évidemment.
Notons d’abord que les Lammys ne récompensent pas que des auteurs gays, bis, lesbiennes, trans ou queer. Des hétéros sont aussi admis à concourir, pour peu que la thématique – ou un personnage important – de leur livre ait un lien direct avec tout ce qui concerne la communauté LGBTQ. Seules quelques-unes des récompenses honorent exclusivement des écrivains non hétérosexuels. De fait, le jury ne veut récompenser des œuvres que pour leur qualité littéraire et pour l’adéquation de leur contenu avec la vie des personnes LGBTQ.
C’est en mars 2016 qu’a été publiée la liste des nominations aux Lammys 2016. Cette liste porte exclusivement sur des livres imprimés et commercialisés – y compris en autopublication – aux États-Unis en 2015.
Contrairement à la plupart des prix littéraires européens, les différentes catégories de prix ne font aucune distinction entre les œuvres d’expression originale anglaise et les œuvres traduites. On trouvera ainsi, dans la liste des nominations, les auteures françaises Violette Leduc et Virginie Despentes, à travers leurs traductions en anglais.
L’autre originalité des Lammys est que parmi les nominés figurent des écrivains morts, à l’instar de Violette Leduc (1907-1972) et Truman Capote (1924-1984). L’auteur de l’inoubliable In Cold Blood (qui m’a valu, sous son titre français De sang-froid, une nuit entière de lecture enthousiaste quand j’étais adolescent) est cité pour ses premiers textes de fiction, auparavant inédits (The Early Stories of Truman Capote). Quant à Violette Leduc, elle est nominée pour Thérèse and Isabelle, traduction non expurgée de son roman paru en 1966 sous une forme édulcorée à la demande de son éditeur français Gallimard.
La présence de tels auteurs parmi les nominés est due au fait que leurs livres n’avaient jamais encore été publiés aux États-Unis.
Une troisième originalité tient au nombre de nominations dans chaque catégorie. Les Lammys ont reçu 933 candidatures pour le millésime 2016, selon le décompte du magazine Out. Pour chaque catégorie, le nombre de nominations varie en fonction du nombre de candidatures.
Les candidatures peuvent être déposée par les auteurs eux-mêmes ou par toute personne mandatée (éditeur, agent, attaché de presse). Mais, ultime originalité, l’inscription d’un livre aux Lammys coûte 45 dollars (soit 41.985 dollars perçus au titre des frais d’inscription). Pas de petits profits, même dans le monde du nonprofit.
Pour en revenir aux nominations du millésime 2016, les œuvres peuvent concourir dans des catégories gays, lesbiennes, bis, transgenres ou LGBT (sans compter deux prix distinctifs sans compétition préalable). Et chaque catégorie se subdivise en sous-catégories, par exemple la fiction (trois nominations pour la fiction transgenre, huit pour la fiction gay et autant pour la fiction lesbienne), la première œuvre de fiction LGBT, la non-fiction (LGBT, transgenre), la poésie (lesbienne, gay, transgenre), la biographie ou autobiographie (gay, lesbienne), mais aussi l’érotisme (gay, lesbien), le théâtre LGBT, les anthologies LGBT, etc.
Bref, beaucoup d’inscrits et pas mal d’élus.
La qualité des nominations ? Je ne saurais en juger pour les diverses catégories trangenres, pour la catégorie romance, pour les premières œuvres ou pour les polars. Mais au vu du palmarès des années précédentes, par exemple le palmarès du millésime 2015, les choix paraissent sérieux et pertinents, à l’image de la biographie de Tennessee Williams par John Lahr dans la catégorie biographie.
Et au vu de la catégorie non-fiction LGBT 2016, on peut présumer que cette année offrira un bon millésime aux amateurs de qualité. Parmi les sept livres en compétition dans cette catégorie figure le monumental The Gay Revolution: The Story of the Struggle, de Lillian Faderman (notre article).
C’est un autre titre en lice dans cette même catégorie qui m’a conduit à évoquer ici les Lammys. En l’occurrence, What Color Is Your Hoodie? Essays on Black Gay Identity, de Jarrett Neal (le titre fait allusion à What Color Is Your Parachute?, de Dick Bolles, énorme succès de librairie à l’intention des chercheurs d’emploi et des recruteurs).
En picorant dans ce livre trouvé sur une étagère virtuelle, je suis tombé sur un texte où l’auteur évoque l’incompréhension des gens lorsqu’il a voulu créer un cercle de jeunes écrivains noirs et gays. Je me suis aussitôt procuré cet ouvrage et me promets de le lire dès que possible. En attendant, j’en profite pour offrir à ce jeune auteur (@JarrettNeal1) la publicité – gratuite – qu’il mérite sans doute.
Allez, rendez-vous le 6 juin pour connaître le palmarès.
[Update du 7 juin 2016. Aucun des titres mentionnés ci-dessus ne figure au palmarès du millésime 2016.]Philca / MensGo
(via Wikipedia)