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L’étude conjointe du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et du bureau européen de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) montre que les pays de l’espace économique européen (EEE) n’ont pas progressé sur le front de la prévention du VIH/sida depuis une décennie.
En 2015, environ 4.250 personnes ont été reconnues séropositives alors qu’elles ignoraient leur séropositivité. Il y aurait dans l’EEE, selon les calculs de l’ECDC, 122.000 personnes qui sont séropositives sans le savoir.
Cette dernière statistique n’est rien d’autre qu’une bombe à retardement. La bombe, c’est la séropositivité ; on peut juguler l’infection sans plus de difficulté que l’on désamorce une bombe, avec ici un démineur et là un sidénologue (ou sidologue). Mais de même que l’on ignore quand une bombe à retardement non désamorcée explosera, on ignore combien de gens seront contaminés par une personne dont le VIH/sida n’est pas connu. L’impact des antirétroviraux et des trithérapies est donc nul pour ces personnes-là, puisqu’elles ne prennent aucun médicament pour se soigner. Sachant que la durée moyenne d’incubation du sida est de quatre années, on imagine les ravages potentiels d’une absence de dépistage et de diagnostic.
Pour y remédier, la moindre des choses consiste à populariser la gratuité des tests de dépistage (prescrits ou consécutifs à une campagne de prévention), mais aussi à rendre les autotests moins coûteux. L’avantage des autotests est qu’ils sont utilisés presque une fois sur trois pour des primodépistages (chiffres de 2015 en France, cf. notre article).
Le conservatisme sociopolitique constitue l’un des freins majeurs à une prévention systématique. En France, par exemple, François Fillon – candidat officiel de la droite républicaine à l’élection présidentielle de 2017 – a jadis voté contre la dépénalisation de l’homosexualité. Outre sa proximité idéologique avec certains milieux homophobes, Fillon dit comprendre que des maires aient récemment interdit la campagne de prévention en cours, où des affichent osent montrer des couples de gays. Ça choque ces gens-là de voir des homos en couple.
En France, 43 % des quelque 6.000 nouveaux diagnostics de séropositivité en 2015 concernaient des gays. Non seulement les gays fournissent le plus gros contingent de nouvelles infections au VIH en France, mais en plus le taux de méconnaissance de leur statut sérologique est alarmant : plus d’un gay sur trois, récemment diagnostiqué (soit 2.600 personnes sur 6.000 nouveaux cas), ne se savait pas séropo.
C’est dire combien le travail de prévention reste indispensable. Même s’il faut, pour cela, effaroucher des maires en leur montrant – très pudiquement – des gays qui s’embrassent parce qu’ils s’aiment.
Philca / MensGo
Sources principales : Étude ECDC/OMS (Europe) et Santé publique France (France), 29 novembre 2016.