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Créé en 2009 et majoritairement détenu par une entreprise chinoise depuis 2016, Grindr est depuis longtemps le premier réseau social de rencontres entre mecs, avec plus de 10 millions d’utilisateurs (dont une moitié d’utilisateurs actifs chaque mois) disséminés dans 192 pays.
Après s’être déjà diversifié dans l’événementiel (Slumbr) et la commercialisation d’émojis (Gaymoji), Grindr tente de monétiser sa marque et sa notoriété en créant le magazine en ligne Into. Quelques semaines d’expérimentation sur son propre site web ont accouché d’un embryon de magazine que l’entreprise choisit maintenant de développer d’une manière plus autonome, à travers une adresse web (intomore.com) et des contenus spécifiques.
Le nouveau magazine autonome vise à s’autofinancer grâce aux recettes publicitaires. L’effort de monétisation ne s’arrête pas là, car Into entend aussi séduire des annonceurs qui rechignent à s’afficher sur Grindr – non pas par homophobie, mais pas désir de ne pas voir leur message côtoyer des contenus sexuellement explicites. C’est d’ailleurs ce qui explique en partie le choix du titre Into (neutre) plutôt que Grindr Magazine (très connoté).
D’ici quelques mois, les emplacements publicitaires de Grindr devraient accueillir une douzaine de grandes marques américaines. C’est déjà le cas pour les antirétroviraux Truvada (ciblage exclusivement gay) et pour les crèmes glacées Halo Top (ciblage grand public).
Grindr compte utiliser – et le fait déjà – tous les types et emplacements publicitaires possibles : les bandeaux et encarts classiques, mais aussi les capsules avant-vidéo (ou pre-roll ads en anglais) et les in-texte. Il n’est pas précisé si Grindr envisage de recourir aux contenus sponsorisés, autrement dit au sponsoring d’articles et à la publicité plus ou moins bien maquillée. Mais on y voit déjà du sponsoring d’événements, puisque Grindr, rappelons-le, se spécialise par ailleurs dans l’événementiel.
L’objectif de diversification et de monétisation additionnelle se concrétise à travers la ligne éditoriale du nouveau cybermagazine. Into se consacre à l’univers du lifestyle (style de vie) en général, et en particulier à tout ce qui concerne les voyages, les loisirs, la vie nocturne, la santé, la mode, la culture (en particulier la musique et les séries TV), mais avec aussi de l’information, des articles de fond et une section vidéo.
L’autre grand axe de la ligne éditoriale consiste à cadrer avec un lectorat bien précis : les millenials, c’est-à-dire les gens qui ont pu naître ou avoir 20 ans au début des années 2000. Autrement dit, grosso modo, la génération des 18-35 ans voire des 15-40 ans.
Le choix de cette tranche d’âge ne doit rien au hasard. Aux États-Unis, les deux tiers (64 %) des adeptes de Grindr ont moins de 34 ans.
Into va donc ratisser à la fois plus jeune (par l’âge) et plus large (par le nombre) que ses désormais concurrents The Advocate et Out Magazine.
Les points communs entre Into et Out (le hasard n’est pas responsable de cette proximité sémantique) ne s’arrêtent pas à la thématique et à la notoriété des deux titres. En effet, Into a pour rédacteur en chef Zach Stafford, un journaliste d’investigation précédemment pigiste de luxe pour Out Magazine (et éditorialiste au Guardian). La demi-douzaine d’autres permanents qui travaillent désormais pour Into se compose, pour l’essentiel, de journalistes et photographes confirmés voire réputés. Sans compter des hordes de pigistes qui viendront renforcer le contenu éditorial d’Into.
Into sera prochainement intégré à l’appli Grindr, sous la forme d’un onglet. Le nouveau site web devrait rester en ligne sous sa forme actuelle, afin de continuer à engranger de la publicité en dehors de l’appli et de ses contenus sulfureux.
Bienvenue à ce nouveau confrère, malgré son ostensible orientation… publicitaire.
Philca / MensGo
Source principale : Digiday, 16 août 2017.
Source consultée en premier : Lefigaro.fr, 17 août 2017.