Blog for the LGBT community, informative and amusing – A new vision for the world
(Blogmensgo, blog gay du 13 novembre 2017) Les votes pour le vrai-faux référendum australien sur le mariage gay sont clos depuis le 7 novembre 2017 et la proclamation des résultats est attendue pour après-demain 15 novembre 2017, à 10 h du matin en heure locale. Même si – comme le prédisent les sondages – le oui l’emporte largement, il faudra donner une suite législative au scrutin bien qu’il n’ait pas de valeur contraignante, ce qui n’en fait donc pas un référendum à part entière. Comme avant et pendant la phase de scrutin, le contexte s’oriente donc une nouvelle fois vers un déversement d’homophobie.
C’est à l’Australian Bureau of Statistics (ABS) qu’il appartient de comptabiliser les votes et d’en transmettre les résultats au gouvernement fédéral. Le verdict du scrutin sera officiellement proclamé lors d’une allocution radiotélévisée. C’est peut-être à ce moment-là que sera annoncée la présentation, devant le Parlement fédéral, d’un projet de loi ou d’une proposition de loi sur le mariage entre personnes de même sexe. Quelle que soit l’issue du scrutin, les deux camps préparent chacun leurs arguments et leurs ripostes.
L’ABS ne fournira que les grands indicateurs statistiques à l’échelle nationale et dans chaque État ou territoire : taux de participation par rapport au nombre théorique d’électeurs, taux de oui, taux de non, taux de « réponses non claires ». Cette dernière formule englobe à la fois les bulletins blancs (aucune réponse cochée) et les bulletins nuls (deux réponses cochées ou toute modification de la question soumise à référendum).
Les bulletins de vote sont strictement identiques : hormis un code à barres unique à chaque votant, ils ne permettent aucune identification nominative, géographique ou démographique. L’ABS ne ventilera donc pas les résultats du scrutin par sexes ou par tranches d’âge.
La ventilation statistique sera diligentée par des prestataires indépendants. Pas moins de quinze tranches d’âge ont été retenues, de 18-19 ans jusqu’à 85 ans et plus.
Plusieurs catégories de personnes feront l’objet d’un traitement statistique particulier et d’un sigle en anglais : no further details (NFD), autrement dit sans autre précision. Les données relatives à ces personnes seront toutes agrégées sans distinction, afin d’interdire toute possibilité de repérage nominatif.
Outre diverses catégories de population comme les membres des forces de défense à l’étranger, le sigle NFD s’appliquera à deux types de votants spécifiques à l’Australie. Rappelons que l’Australie a légalisé un passeport à genre X en 2011 et confirmé l’existence d’un genre « non spécifique » en 2014. Les mentions signalétiques du référendum en tiennent compte et les votes des personnes qui s’identifient comme appartenant à un « autre genre » seront comptabilisés dans la catégorie fourre-tout NFD. Autre spécificité australienne, les silent electors (électeurs anonymes) correspondent à des gens qui refusent d’être identifiables, pour motifs de sécurité ou pour toute autre raison valable, par exemple des célébrités ou des personnes menacées.
Les instituts de sondage connaissent sans doute dès maintenant le verdict des urnes avec une plus ou moins grande précision. On sait déjà que le taux de participation, aux alentours de 80 %, est absolument énorme pour un scrutin à participation facultative et à résultats juridiquement non contraignants.
Dean Smith, sénateur du Parti libéral, compte déposer une proposition de loi sur le mariage entre personnes de même sexe aussitôt après la proclamation des résultats, afin que le Parlement soit en mesure de légiférer avant Noël. Le sénateur de l’Australie-Occidentale avait déposé sa proposition de loi en août 2017, mais le Premier ministre fédéral Malcolm Turnbull lui a préféré l’organisation de ce vrai-faux référendum.
Une dizaine de parlementaires du Parti libéral (majorité conservatrice) veulent eux aussi introduire leur propre proposition de loi. Mais contrairement à celle de Dean Smith, ce serait pour sanctifier ce qu’ils qualifient de droit à la liberté parentale, à la liberté d’expression, à la liberté de religion. Autrement dit, un droit à l’homophobie qui permettrait à des obédiences religieuses de refuser les mariages homos ou à des commerçants de ne pas servir des couples gays et lesbiens si cela est contraire à leurs convictions.
Inutile de se hasarder ici au petit jeu des pronostics. Tous les sondages donnent le oui gagnant. On attendra donc mercredi 15 novembre 2017 pour mesurer l’ampleur de la raclée subie par le camp des homophobes, dont les propos outranciers ont déjà fait suffisamment de mal comme cela.
Philca / MensGo