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(Blogmensgo, blog gay du 4 décembre 2017) Le film du scénariste et réalisateur anglais Francis Lee intitulé Seule la Terre (God’s Own Country) est-il à la hauteur de sa réputation et des récompenses obtenues à l’occasion de plusieurs festivals cinématographiques ? En France, il te faudra en attendre la sortie officielle de ce long-métrage, prévue le 6 décembre 2017, pour te faire une opinion – sauf si tu fais partie des petits veinards qui ont pu assister, cette année, à des projections publiques ou privées dans l’Hexagone.
Ci-dessous, le réalisateur à la barbe fleurie, Francis Lee, et les deux acteurs principaux, Alec Secăreanu et Josh O’Connor, interviewés conjointement – et en anglais – par Mike Elshof.
Seule la Terre a récolté une moisson de récompenses avant même la sortie officielle en salles. À l’occasion d’événements LGBT, bien sûr (Berlinale, Honolulu, San Francisco, Toronto). Mais, les trois premiers éléments de la liste ci-dessous l’attestent, il ne s’agit pas que d’un film pour publics LGBT, bien au contraire.
L’histoire se passe dans une ferme du Yorkshire. Les mots ferme et Yorkshire sont importants, car ce sont les travaux de la ferme qui rythment les journées et les paysages du Yorkshire qui, par leurs brumes infinies, délimitent l’univers physique et peut-être mental des protagonistes.
Les protagonistes sont un autochtone, Johnny (Josh O’Connor), et un saisonnier roumain, Gheorghe (Alec Secăreanu), qui trouve à s’employer dans la ferme des parents de Johnny. Peu à peu, la relation entre Johnny et Gheorghe ne se bornera plus à tondre les moutons ou à vaquer aux rudes besognes de la ferme. Car les deux hommes vont apprendre à mieux se connaître…
Donc, un Brokeback Mountain où les cowboys américains seraient remplacés par des garçons de ferme européens ? Pas exactement.
Il s’agit certes d’une histoire d’amour et d’un film grand public. Mais alors qu’Annie Proulx a construit une nouvelle adaptée au cinéma par Ang Lee, Seule la Terre a reconstruit une histoire en s’appuyant sur le vécu de Francis Lee. Le réalisateur du film anglais, qui en est aussi le scénariste, a puisé dans ses propres souvenirs d’enfance et de jeunesse, puisqu’il est né et a vécu dans un milieu rural – et dans une ferme – du Yorkshire, plus précisément dans la chaîne montagneuse des Pennines qui sert aussi de décor au film, jusqu’à en devenir l’un des protagonistes. Le film a d’ailleurs été tourné entièrement en décors naturels, tout près de la ferme que possède le père de Francis Lee.
Je n’ai pas encore vu le film, mais le blog gay de MensGo était représenté par Emmanuel lors d’une projection de presse. Dès que les lumières se sont rallumées, il m’a envoyé ce texto :
Salut Philippe,
Merci infiniment pour ce moment bouleversant.
Manu
Après la louange, place à l’analyse. Emmanuel a trouvé les acteurs « excellents de justesse », au service d’une « œuvre poétique bouleversante qui montre la souffrance de l’humain ». Bref, conclut-il, « un film sincère et vrai sur la vie ».
Qu’il s’agisse d’une histoire d’amour homo ou hétéro n’a pas plus d’importance que cela. L’essentiel, c’est l’amour. Francis Lee analyse la géographie et le relief des sentiments à travers le jeu des acteurs – et de la caméra –, mais aussi à travers les paysages du Yorkshire, qui sont à la fois le témoin et la représentation métaphorique de cette passion naissante. Cela évoquerait donc plus Wuthering Heights d’Emily Brontë – qui se passe aussi dans le Yorkshire, je crois – que Brokeback Mountain d’Ang Lee.
Apparemment, le film et ses paysages valent la peine d’être vus sur grand écran. Et j’ai l’intuition que la liste des récompenses obtenues par Seule la Terre et par son réalisateur n’est pas close.
En guise de conclusion, laissons le réalisateur Francis Lee se présenter – brièvement – en marge des prix Bafta (équivalent britannique des Oscars) :
Philca / MensGo