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(Blogmensgo, blog gay du 16 mai 2018) Le roi malaisien Muhammad Faris Petra a gracié Anwar Ibrahim, emprisonné depuis trois ans pour une affaire de sodomie. Anwar Ibrahim purgeait sa troisième peine d’emprisonnement à caractère politique en cinq décennies, les deux dernières fois sous des prétextes fallacieux. L’ancien opposant, aujourd’hui âgé de 70 ans, a été gracié pour « erreur judiciaire » et ne passera donc pas en prison les deux années qu’il lui restait à purger. Il a été libéré le 16 mai 2018, à la faveur d’un changement au sommet de l’État qui pourrait prochainement lui offrir le poste de Premier ministre. Son épouse, Wan Azizah, est vice-Première ministre du tout nouveau gouvernement.
Anwar Ibrahim est extrêmement populaire en Malaisie. Parce qu’il milite contre la corruption et contre l’oppression des pauvres, mais peut-être aussi parce qu’il s’exprime d’une voix délicate et douce. La preuve par ce discours de 2012, avant son dernier emprisonnement :
La coalition Pakatan Harapan, dirigée par Mahathir Mohamad, 92 ans, a remporté les législatives du 9 mai 2018, renversant ainsi une coalition au pouvoir depuis soixante et un ans. C’est Mahathir qui a obtenu la grâce d’Anwar ; il s’agissait là d’une promesse électorale. Le nonagénaire s’est en outre engagé à transmettre d’ici deux ans son poste de Premier ministre à Anwar Ibrahim, lui-même ancien dirigeant du parti PR (Pakatan Rakyat ou Alliance du peuple) et désormais membre de la coalition au pouvoir. Les deux hommes, autrefois ennemis, se sont réconciliés peu avant les élections, ce qui a contribué à l’éviction du Premier ministre Najib Razak. C’est sous le régime de Najib – et avec son aval – et de son parti, le BN (Barisan Nasional ou Front national), qu’Anwar Ibrahim avait été emprisonné pour la troisième fois.
En 2016, Anwar Ibrahim avait été condamné en dernière instance, par la Cour fédérale (équivalent d’une cour suprême), à cinq années d’emprisonnement pour sodomie. Ou plus exactement, selon la loi malaisienne, pour « acte de chair contre nature ». Il risquait la flagellation et jusqu’à vingt ans de prison, selon le code pénal de ce pays à très forte majorité musulmane.
Anwar Ibrahim avait déjà été condamné à vingt ans de réclusion en 1998, pour corruption et sodomie (mais il fut acquitté pour le second chef d’accusation), puis avait passé six années de prison à l’isolement avant d’être élargi en 2004.
Il a de nouveau fait l’objet d’un procès pour sodomie en 2010, qui s’est d’abord traduit par une relaxe en 2012, puis en 2014 par cinq ans de prison en appel. Cette condamnation pour sodomie, devenue définitive en 2016, est désormais considérée à titre officiel comme une « erreur judiciaire ». La récente alliance d’Anwar Ibrahim avec Mahathir Mohamad – dont il fut un proche allié puis le vice-Premier ministre jusqu’en 1998 – a permis de renverser leur adversaire commun.
Anwar a toujours clamé que ses deux derniers emprisonnements résultaient d’un coup monté. Autrement dit, deux procès fabriqués successivement par ses ennemis de l’époque, Mahathir et Najib. Dans l’un comme l’autre cas, Anwar menait campagne contre la corruption de leurs régimes respectifs. Le désormais ex-Premier ministre Najib a entre-temps été mis en cause dans un scandale financier de grande ampleur, après la disparition, révélée en 2015, de 10 milliards d’euros d’un fonds souverain qu’il avait créé.
La législation de Malaisie considère la sodomie comme une « déviance sexuelle » dont les contrevenants sont passibles de flagellation et de vingt années d’emprisonnement. La cour d’appel de Kuala Lumpur a jugé, dans un arrêt du 20 janvier 2010, que cette interdiction était conforme à la Constitution.
Philca / MensGo