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(Blogmensgo, blog gay du 3 septembre 2018) Selon le rapport annuel de The Children’s Society, publié le 29 août 2018, plus de 45 % des jeunes Britanniques de 14 ans ayant une attirance pour des personnes de même sexe ou des deux sexes se sont automutilés au cours de l’année passée. L’homophobie et les stéréotypes de genre – notamment de nature homophobe ou misogyne – en sont les causes principales, de même que le manque d’inclusivité de nombreux établissements scolaires, note le rapport intitulé The Good Childhood.
Le rapport de l’association caritative britannique The Children’s Society s’appuie sur trois sources principales. En particulier la Millenium Cohort Study, une étude longitudinale portant sur 19.000 enfants nés avec le millénaire, donc pendant l’année scolaire 2000-2001, et qui ont eu 14 ans en 2015. L’autre grande source statistique résulte de questionnaires administrés par l’association en mai-juin 2018 auprès d’ados et préados de 10 à17 ans.
Précisons d’emblée que les mots gay, lesbienne et bisexuel(le) ne figurent en tant que tels dans aucun des questionnaires. Par exemple, l’étude portant sur les 19.000 jeunes leur demandait en 2015 – donc quand ils avaient 14 ans – s’ils se sentaient attirés par des garçons, des filles, les deux genres ou aucun. Les ados ayant une attirance pour des personnes de même sexe ou des deux sexes représentent 5 % du panel, contre 12 % qui n’éprouvent d’attirance pour aucun des deux sexes.
On n’évoquera ci-dessous une « attirance LGBT » (pour les individus de même sexe ou des deux sexes) et une « attirance hétéro » que par volonté de fluidifier la rédaction, bien que ces expressions ne figurent pas non plus dans les questionnaires ni dans le rapport 2018 de la Children’s Society.
À l’âge de 14 ans, les enfants attirés vers des personnes de même sexe ou des deux sexes (attirance LGBT) enregistrent des scores nettement plus négatifs que les autres jeunes sur trois paramètres évaluant le niveau de bien-être ressenti. Ces ados se sentent moins satisfaits de leur vie en général, plus enclins à déprimer et plus sujets à des difficultés d’ordre émotionnel et comportemental.
Résultat, 45,7 % des enfants à attirance LGBT ont déjà pratiqué l’automutilation au cours des douze derniers mois, alors que sur l’ensemble des 19.000 enfants interrogés, quelque 9,2 % des garçons et 22 % des filles (soit 15 % du panel) se sont déjà automutilés. Les automutilations au cours de l’année écoulée auront concerné 14,7 % des ados à attirance hétéro.
Sur un total de 10 points, le niveau de bien-être ressenti culmine en moyenne à 7,97 chez les garçons et à 7 chez les filles. Le ressenti de bien-être chez les ados qui n’éprouvent d’attirance ni pour les garçons ni pour les filles (8,21) est largement supérieur à celui des ados qui s’intéressent aux personnes de sexe opposé (7,53). Le niveau de bien-être est, en revanche, largement plus faible chez les personnes attirées par des gens de même sexe (5,45) ou des deux sexes (5,42).
Les chiffres se révèlent encore plus alarmants si l’on examine les indicateurs de malaise personnel. Pas moins de 29,7 % des ados à attirance LGBT se disent peu satisfaits de leur vie, soit trois fois plus que les ados à attirance hétéro (10,5 %).
Et la différence est encore plus flagrante chez les ados qui présentent de forts symptômes dépressifs. On trouve de tels symptômes chez 38,2 % des ados à attirance LGBT, mais chez presque quatre fois moins d’ados à attirance hétéro (10 %).
Qu’est-ce qui amène des ados à s’automutiler ? Pour entrevoir les causes du phénomène, The Children’s Society a interrogé, en mai et juin 2018, quelque 2.000 jeunes âgés de 10 à 17 ans.
Il en ressort que la pression sociale et culturelle paraît souvent plus difficile à supporter pour les filles que pour les garçons, et encore plus difficile pour les ados à attirance homo ou bi que pour les ados à attirance hétéro. La pression sociale et culturelle émane des enseignants, des parents, mais aussi – voire surtout – des autres ados.
Cette pression se matérialise en particulier à travers tout ce qui tient à l’apparence d’une personne, que ce soit le respect de l’uniforme scolaire aux yeux des enseignants, le choix et la qualité des vêtements, le look et le comportement de l’élève, ou encore le respect de certains codes non écrits.
Parmi ces codes, les plus susceptibles d’engendrer le mal-être sont les stéréotypes de genre, par exemple que les garçons doivent savoir jouer les durs et que les filles doivent savoir se fringuer.
L’âge de 14 ans est une période charnière, celle où l’on commence à – ou finit de – se poser les questions existentielles sur son identité de genre et son orientation sexuelle. Pour peu que le comportement de l’ado ne soit pas assez – ou soit trop – genré ou sexué, le harcèlement homophobe ou misogyne deviendra vite excessif, donc insupportable.
Pour contribuer à y remédier, The Children Society invite les établissements scolaires et leurs personnels à promouvoir une atmosphère plus inclusive, c’est-à-dire un environnement où les jeunes n’auront pas à se taire ni se cacher, y compris lorsqu’ils se posent encore des questions sur leur propre sexualité.
Philca / MensGo