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(Blogmensgo, blog gay du 4 décembre 2018) Mille et une informations ont fait crépiter les téléscripteurs à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, dont le millésime 2018, comme chaque année depuis 1988, se tenait le 1er décembre. Je n’évoquerai ci-dessous que trois sujets, dont un plus anecdotique et sans lien direct avec ce qui précède. Pour commencer, juste un mot sur le futur remboursement de la capote en France et sur le sondage rendu public par le site de rencontres gays PlanetRomeo.
À compter du 10 décembre 2018 et uniquement sur prescription médicale, l’Assurance-Maladie remboursera les préservatifs à hauteur de 60 %. Mais pas lesquels : uniquement ceux des laboratoires Majorelle commercialisés sous la marque Eden et vendus par boîtes de 6, 12 ou 24 unités.
Pourquoi Majorelle plutôt que Durex ou Manix ? Car d’une part le ministère de la Santé a tiré vers le bas les prix de vente publics servant de référence pour le calcul des sommes remboursées. Et d’autre part, conformément à la loi française, parce que l’Assurance-Maladie ne rembourse jamais de produits médicaux ou paramédicaux qui font de la publicité directe auprès du grand public.
Quels objectifs pour quels publics ? Deux publics forment la cible principale de la capote remboursable : les jeunes (en particulier les 15-17 ans qui consultent la première fois pour des questions de prophylaxie et de contraception) et les nouveaux utilisateurs. Quant à l’objectif officiel, il est à la fois simple et ambitieux :
Zéro nouvelle infection à VIH et l’élimination des IST en tant que problèmes majeurs de santé publique en 2030.
Cela va-t-il faire disparaître les distributeurs de préservatifs en libre-service ? Bien sûr que non. Et pas plus que ne disparaîtra la distribution gratuite de capotes dans les backrooms. Ces deux modes de distribution correspondent à des cas de besoin immédiat, qui par leur nature même excluent toute consultation médicale préalable.
L’avenir dira si le remboursement sur prescription remplit sa mission. Quoi qu’il en soit, de nombreuses voix en ont profité pour réclamer un accès gratuit à la PrEP (prophylaxie préexposition). Certains demandent aussi le remboursement des lubrifiants.
Pas moins de 69.551 gays ont répondu au sondage que PlanetRomeo consacrait à la prophylaxie anti-VIH et anti-IST, aux rapports sexuels protégés et à la prévention des risques.
Les sondés sont 88 % à se dire « informés » ou « bien informés » sur les rapports sexuels protégés (safer sex) et les infections sexuellement transmissibles (IST). Plus de la moitié des gays interrogés se déclarent « informés » ou « bien informés » sur la PrEP, 16 % l’utilisent et 67,3 % en demandent la gratuité (alors que moins de 20 % disent ne pas l’utiliser à cause de son coût).
Plus d’un répondant sur six utilise « régulièrement » la PrEP au Royaume-Uni (22 %), aux Pays-Bas (21 %), en Belgique (18 %) et en France (17 %). Son usage régulier, beaucoup moins fréquent en Espagne et en Inde (7 %), est carrément rare en Italie (4 %).
Plus de 50 % des gays ayant répondu au questionnaire disent avoir eu au moins un rapport sexuel non protégé au cours des douze mois précédents. Pour 88 % de gays soi-disant « informés » et 16 % d’utilisateurs de PrEP, je trouve que ça fait beaucoup.
Le passage à la PrEP a-t-il modifié les choses en matière de rapports non protégés ? Entre la non-protection avant PrEP et la non-protection après PrEP, les chiffres restent aux alentours de 60 %. Mais pas avec les mêmes tendances : ceux qui s’adonnent « souvent » au sexe non protégé sont presque deux fois plus nombreux après qu’avant ; et la proportion de ceux qui se protègent toujours a chuté de 10 points, passant de 29,7 % avant à 20,3 % après.
En revanche, quatre gays sur cinq disent mettre une capote si leur partenaire le leur demande. Faut-il y voir le verre à moitié plein ou le verre à moitié vide ?
Le sexe est un sujet à manier avec précaution, et ce ne sont pas les Roméo qui diront le contraire.
Plus sérieusement, le sondage présente les inconvénients inhérents à sa nature. C’est un sondage à participation volontaire, sans échantillonnage ni redressement. Le sondage repose sur des éléments déclaratifs dont la véracité est par conséquent invérifiable. Le niveau de fiabilité, concernant les croyances, se mesure peut-être à l’aune du hiatus entre se croire informé et l’être vraiment. En revanche, pour ce qui tient aux éléments factuels (fréquence des rapports non protégés, etc.), la crédibilité du sondage me semble plus solide.
Quoi qu’il en soit, voilà des chiffres qui confirment la nécessité d’un effort massif en matière d’accès à la prévention, mais aussi en matière de communication.
Tu connais la fraise du dentiste. Tu connais sa version plus massive, la fraiseuse industrielle. Et l’encore plus massive, le tunnelier. Tout cela creuse, fore, perfore. Toutes les fraises ont besoin d’être nettoyées après usage. Et certaines auraient bien besoin d’un nettoyage avant usage – non pas pour la vue, mais pour l’odeur.
Dernière minute. La soirée du lancement officiel aura lieu le 26 avril 2019, à Paris. Tous renseignements sur la page de l’agenda MensGo consacrée à cet événement.
Pour promouvoir leur nouveau produit, les concepteurs de L’Essuie-Fraise ont tourné un clip qui s’adresse uniquement… aux hétéros.
Oublions la métaphore. Ou plutôt non. L’outil que tu tiens en main (ou d’une autre manière), qu’il soit le tien ou celui d’autrui, il ne sent pas toujours la rose ni même la fraise. Il sent parfois la rose fanée ou la fraise pourrie. Comment lutter contre la mauvaise odeur intime de sa propre fraise ou de celle de son partenaire ? Alors que les pharmacies et parapharmacies référencent maints produits d’hygiène intime pour les femmes, elles ne proposent pas grand-chose pour les hommes.
D’où l’idée de créer une lingette intime pour hommes, qu’ils soient ou non circoncis. L’Essuie-Fraise (site https://essuie-fraise.com encore en construction), c’est son nom, se présente sous la forme d’un sachet individuel contenant une lingette ointe d’une lotion « bio, spécifiquement conçue pour le pH intime de l’homme, sans allergène […], biodégradable et jetable directement dans les toilettes. »
Du prototype à la production, il faudra passer par la case Ulule. Autrement dit, obtenir un financement participatif de 10.000 euros avant la date limite du 18 décembre 2018, afin d’approvisionner les pharmacies et parapharmacies dès avril 2019.
Ça coûtera combien ? En principe 8,90 euros la boîte de 10 lingettes. Et uniquement en France – du moins pour commencer.
On te rappelle, cher lecteur, que les lingettes de toilette intime ne suppriment pas la nécessité d’un bon préservatif. Si tu préfères ne pas utiliser de lingette intime, choisis au moins une capote parfumée – avec par exemple un arôme fraise.
Philca / MensGo